Le club qui lit les autrices africaines

Incipit Nika L’Africaine d’Aurore Costa

Il existe plusieurs manières de découvrir les livres sur le blog du Jifa Bookclub. Notre cénacle qui lit les autrices africaines vous propose depuis avril 2020, de voyager au cœur des incipit des 57 ouvrages de sa sélection 2020-2021.

A titre d’information pour qui en a besoin : un incipit est le terme qui désigne les premiers mots (ou paragraphes) d’une œuvre littéraire.

Ouvrage du jour : Nika L’africaine

Genre : Roman
Année de publication : 2007
Nombre de pages : 522 
Éditeur : L’Harmattan
Collection : Encres noires

— Chapitre I —Les tabous

Le ciel était bas ce matin-là. Un vent puissant et froid, chargé de poussière rouge, s’engouffrait par la petite porte béante, seule ouverture de la case où dormait Nika, la petite fille de treize ans, niais également la dixième épouse de Katutu.
Nika dormait sur sa natte lorsque le vent caressa son visage. Elle ouvrit les yeux et, instinctivement, regarda dehors. Le soleil n’était pas encore levé. Elle pouvait donc continuer de dormir. Roulant sur le côté, elle colla son bébé contre sa poitrine. L’enfant chercha à tâtons le sein de sa mère et, dès qu’il le trouva, il poussa un soupir de plaisir et de soulagement puis se rendormit.
« Comme c’est étrange, se dit Nika, d’habitude mes yeux s’ouvrent au chant du coq. Ce volatile n’a pas encore chanté et il fait encore noir dehors. Se réveiller en sursaut signifie danger !
Son imagination commença à vagabonder dans les méandres de cette science méconnue et effrayante qu’est la sorcellerie.
Qui me voudrait du mal ? Je ne vois personne, à moins que l’esprit d’un ancêtre cherche à m’avertir d’un danger imminent. Qui cela peut-il bien être Papa ? Maman ? Il y a longtemps qu’ils m’ont oubliée ceux-là. A moins que ce malheur vienne de Penda ? Certes, elle ne m’aime pas beaucoup, mais de là à m’ensorceler ? Mes aïeux ! Que vais-je devenir ? »
Soudain elle entendit le tonnerre gronder. Elle comprit alors que sa peur était fondée et qu’il était bien l’heure de se lever. « Le coq chanteur a sûrement avalé son cou. Ces volatiles sont tellement peureux ! Elle sourit à idée de savoir que cet oiseau bruyant n’avait plus de cou. “Je pourrais ainsi dormir sans être dérangée par mes coépouses.”
Malheureusement, son inquiétude ne s’apaisa pas. Elle se souvenait des mises en garde de sa mère, qui les tenait de son arrière-grand-mère, que les esprits des morts (bons ou mauvais) venaient visiter les vivants durant la nuit. Ils revenaient d’entre les morts pour vous conseiller ou vous protéger des mauvais sorciers. En effet, ces méchants sorciers ou revenants, transformés en animal, vous mordaient, vous piquaient ou encore s’introduisaient dans votre corps durant…

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