Donner à voir et à lire ce qui se cache derrière les pages 31 des ouvrages de la sélection, c’est faire d’une pierre, deux coups : un clin d’œil au 31 juillet date de célébration de la Journée Internationale de la Femme Africaine et une incursion ludique en terre inconnue.
Après vous avoir présenté son incipit, voyons la page 31 du roman de Helen Oyeyemi sélectionné par le Jifa Bookclub pour la saison 2020-2021
Boy, Snow, Bird – Page 31
La femme d’Arturo était morte une semaine après avoir eu sa fille, m’apprit Webster. Des complications en couches. Lui était professeur d’histoire à l’Université de Boston, à l’époque. Mais il avait pris Snow et était parti – il ne voulait toujours pas dire où. Quoi qu’il en fût, il avait appris à travailler le métal ; quand il rentra deux ans plus tard, il installa un atelier chez lui.
“Comment s’appelait sa femme ?
— Julia, je crois.
— Tu n’en es pas certaine ?
— Il n’en parle presque pas.
— Et tu as vu la petite ? “
J’étais au bout de ma demi-cigarette avant elle et Webster, sur un sourire, me souffla sa fumée près de l’oreille :
” Qui ? Snow ? Bien sûr. Elle est adorable.“
Un quiproquo s’était produit entre Arturo et moi. Un quiproquo tacite, et comment les corrige-t-on, ceux-là ? C’était arrivé chez Ted, alors que j’étais médusée par le terrifiant portrait. J’étais restée debout devant lui plus longtemps que je ne l’avais regardé en réalité. Le temps s’écoulait et j’étais nez à nez avec ce portrait sans le voir du tout. Si l’on m’avait demandé ce que je voyais, j’aurais été incapable de le dire. C’était presque comme si j’avais quitté la pièce. Je dis « presque» parce que j’entendais encore Ted faire son possible pour détourner Webster de son idée de costume pour la fête de Halloween.
“Cette année – devine quoi ? –, cette année, je fais le cœur romantique.
— Et comment prévois-tu de te déguiser?
— Oh, je me contenterai de me peindre tout entière en rouge et de porter un chapeau rouge. cruchon ! Et je dirai des histoires romantiques.
— Tout ça est totalement ésotérique. D’ailleurs, le cœur romantique n’a-t-il pas coutume d’émettre de terribles et sonores battements?
— Oh, pas de problème. Je puis émettre sur-le-champ des battements terriblement sonores si tu veux.
Avez-vous lu Boy, Snow, Bird ? Cela vous tenterait-il de nous rejoindre pour une prochaine (re)lecture commune ?
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