Le club qui lit les autrices africaines

Page 31 : La boue de Saint-Pierre de Ralphanie Mwana Kongo

Après vous avoir présenté son incipit, voyons ce qu’il en est de la page 31 du roman de Ralphanie Mwana Kongo.

Pourquoi la page 31 ?

Deux raisons : la première est que le 31 juillet est la date de célébration de la Journée Internationale de la Femme Africaine. La seconde tient au fait que Aoua Keita en fut l’instigatrice et qu’elle est la muse du Jifa Bookclub. Ainsi curioser dans les pages 31 des ouvrages de la sélection est à la fois un clin d’œil et un voyage livresque vers l’inconnu.

La boue de Saint-Pierre – Page 31

Monique Tala avait attendu près de trois heures avant d’être appelée au guichet et de recevoir sa pension. Elle sortit du bureau des paiements tout en sueur, dut jouer des coudes pour se frayer un passage dans l foule de gens qui attendaient leur tour. Et comme la vieille femme redoutait les vols et agressions, assez courants à cette période du mois et à cet endroit surtout, elle glissa discrètement l’enveloppe qui contenait son argent dans son soutien-gorge, réajusta son chemisier et se recouvrit aussitôt le torse d’un long châle. L’atelier de Gaspard ne se trouvait pas très loin. Elle avait prévu aller lui dire deux mots.

Malgré le poids de l’âge et sa jambe gauche plus courte que l’autre -ce qui la faisait boiter – la vieille marchait d’un pas décidé, ses yeux fins aux sourcils épais braqués droit devant? Elle avait dans le regard cette lueur agressive qui mettait mal à l’aise tous ceux qu’elle fixait. Une moue hautaine déformait en permanence ses traits et trahissait le mépris qu’elle témoignait aux autres.

Monique Tala haïssait tout le monde? Un être, un seul, parvint à trouver une place dans son cœur de pierre : son mari. Elle n’avait aimé que lui, couvert ses torts et travers, pardonné tous ses excès. La mort de ce dernier l’avait bouleversée, au point où les gens la trouvaient “changée”, plus humaine disaient certains, un peu désorientée aussi.

“Je veux voir mon fils!” dit-elle dans le hall d’accueil de l’atelier à la secrétaire qui discutait avec un homme qui prétendait avoir rendez-vous.

La jeune fille s’interrompit et la regarda. Monique l’avait déjà bousculée un jour qu’elle était venue à l’improviste, et exigeait de voir Gaspard, alors que celui-ci était en réunion.

“Je veux voir mon fils, tout de suite!”, reprit-elle d’un ton impérieux et non négociable.

La secrétaire craintive et encore choquée par la scène de la fois d’avant, prit tout de suite son combiné pour avertir le patron.

Avez-vous lu ce roman de l’auteure congolaise Ralphanie Mwana Kongo ? Tenté.e.s par une (re)lecture commune cher.e.s lecteurs et lectrices adoré.e.s ?

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