Le club qui lit les autrices africaines

Page 31 : Une si longue lettre de Mariama Bâ

Il existe plusieurs façons de plonger dans un ouvrage. Depuis le mois d’avril 2020, le Jifa Bookclub le fait par l’entremise de toutes les pages 31 de sa sélection.

Pourquoi la page 31 ?

Primo : Parce que le 31 juillet est la date célébrant la Journée Internationale de la Femme Africaine. Deusio : Parce qu’Aoua Keita en fut l’instigatrice et qu’elle est la muse du Jifa Bookclub. Troisio : Parce qu’en fouinant derrière les pages 31 des ouvrages de la sélection, je vous propose un ticket vers l’inconnu, une autre façon d’entrer dans un livre au hasard et de voir si la magie opère un tant soit peu.

Après vous avoir présenté son incipit, voyons ce qu’il en est de la page 31 du roman de Mariama Bâ.

Une si longue lettre – Page 31

…. tremblants ceux que la richesse enivre, ceux que le hasard favorise. Vous auriez pu, en une horde puissante de sa répugnance et de sa révolte, cracher le pain que votre faim convoite.

Votre stoïcisme fait de vous non des violents, non des inquiétants, mais de véritables héros, inconnus de grande histoire, qui ne dérangent jamais l’ordre établi, malgré votre situation misérable.

Je répète, que sont, à côté de vos tares visibles, les infirmités morales dont vous n’êtes d’ailleurs pas à l’abri ? En pensant à vous, je rends grâce à Dieu mes yeux qui embrassent chaque jour le ciel et la terre. Si la fatigue morale m’ankylose aujourd’hui, elle désertera demain mon corps. Alors, ma jambe délivrée me portera lentement et, à nouveau, j’aurai autour de moi l’iode et le bleu de la mer. Seront miens l’étoile et le nuage blanc. Le souffle du vent rafraîchira encore mon front. Je m’étendrai, je me retournerai, je vibrerai. Ô! santé, habite-moi. Ô! santé…

Mes efforts ne me détournent pas longtemps de ma déception. je pense au nourrisson orphelin à peine né. Je pense à l’aveugle qui ne verra jamais le sourire de son enfant. Je pense au calvaire du manchot. Je pense… Mais mon découragement persiste, mais ma rancœur demeure, mais déferlent en moi les vagues d’une immense tristesse !

Avez-vous lu le roman épistolaire de Mariama Bâ ? Envie d’en faire une prochaine (re)lecture commune avec nous?

Add Comment

Your email address will not be published. Required fields are marked *