Suite et fin de notre déambulation sur Instagram qui nous a donné l’occasion de revenir sur la sélection de notre club de lecture tout en prolongeant les festivités du 31 juillet date de la Journée Internationale de la Femme Africaine. Après l’escale chez yvonnebetsi, nous conclurons par une halte sur le compte afro_instabookeuse tenu par Zila Aset, le temps d’un partage de ses impressions sur Vert cru premier roman de Touhfat Mouhtare.
A propos de l’ouvrage
Genre : Roman
Année de publication : 2018
Nombre de pages : 302
Éditeur : Komedit
Pour la petite histoire : Ce roman ayant fait partie de la sélection du Prix Les Afriques 2019 La Cene Littérairee, Zila Aset lui a consacré deux publications à découvrir ci-dessous.
Cap sur l’extrait publié le 11 septembre 2018 :
« Peut-être parce qu’elle était obéissante, Majdouline ne pleura jamais. Elle ne pleura pas quand son frère fut enrôlé. Elle ne pleura pas quand rentré du Viét-Nam où il avait perdu une jambe, son père avait peu à peu sombré dans l’alcool coupable. Elle ne pleura pas quand, imbibé, il porta la main sur Peggy pour la première fois. Elle serra les dents quand ce fut son tour. Elle serra les dents quand, imbibé, il abusa d’elle le soir de son douzième anniversaire. Elle avala la boule de rage qui bouillait dans sa gorge lorsque sa mère refusa de croire au viol de son père.
Elle ne pleure pas quand à seize ans elle quitta le foyer familial, Hildale, l’Utah pour partir en France avec les jeunes missionnaires, consciente alors qu’elle ne reverrait plus jamais sa mère. Peut-être parce que le spectre de sa mère se dressait devant elle à chaque épreuve de ma vie, Majdouline ne pleura jamais, jusqu’à ce funeste matin, dans ce minuscule hôpital de Majunga, sur l’Île de Madagascar. Allongée sur un lit trop dur, elle venait d’accoucher d’une petite fille. Entre les mains de la bonne sœur qui venait de l’accoucher, l’enfant hurlait, les yeux fermés, et il sembla à Majdouline qu’elle tendait les bras vers elle. Majdouline supplia la bonne sœur de poser l’enfant sur sa poitrine, de la laisser serrer cette chose, cette petite chose glissante, toute fragile, toute aimée dans ses bras. Elle la sentait, elle la voyait, à travers ses yeux bandés; elle pouvait voir au-delà de la vue que cette enfant était belle, elle pouvait deviner la couleur de ses yeux , elle savait la forme de sa bouche, le teint de sa peau. Elle savait à travers le bandeau noir qui l’empêchait de voir son enfant a, que son enfant lui ressemblait. Puis les cris s’éloignèrent, s’arrachèrent à son ouïe. Et avec eux, le cœur de Majdouline. Après une brève étreinte on lui reprit son enfant.
La première fois que Majdouline pleura, ce fut d’une indicible détresse. A l’instant où les larmes coulèrent sur ses joues, elle prit la résolution de ne plus obéir à Peggy, et de pleurer, pleurer jusqu’à ce qu’elle fût aveugle. Ses yeux en larmes survécurent cependant; mais son cœur, tel celui de Jacob, se ferma»
Cap sur le clin d’œil publié le 18 mars 2019 :
Je voudrai habiller ses mots d’amour
Les vêtir de douceur, de tendresse
Je voudrai mettre de la couleur sur mes toujours…. Un vert tendre,
comme celui du printemps
Quand l’hiver est encore à prétendre
Rester avec nous.
Un vert pomme
Celui des jours plus longs
Vert Cru comme l’été qui arrive
Vert comme l’espoir au creux de mes mains
Malheureusement, pas de nouvelles publications sur son compte Instagram depuis le mois de mai, mais tant de trésors à y découvrir que je vous invite à visiter son univers en cliquant ici : afro_instabookeuse
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