Si vous découvrez le blog Jifa Bookclub par cet article, sachez que le cénacle qui lit les autrices africaines vous propose d’explorer les incipit des 57 ouvrages de la sélection 2020-2021.
A toutes fins utiles : un incipit est le terme qui désigne les premiers mots (ou paragraphes) d’une œuvre littéraire.
Ouvrage du jour : Chinongwa
Genre : Roman
Année de publication : 2012
Nombre de pages : 274
Éditeur : Actes Sud
Collection : Lettres africaines
Traduction : Elise Argaud
Précédente édition : Real African Publishers (2008) sous le nom de Lucy Michot
INCIPIT
Chinongwa Marehwa avait neuf ans, mais, plus que son âge, c’est sa virginité qui importait. Elle avait beau être encore impubère, ses formes pointaient déjà, au grand soulagement de sa famille, qui, de toute façon n’avait qu’elle sous la main.
Comme le lui répétait à tout bout de champ Mère de mère : “Ta sœur a été cédée plus jeune encore”, ce qui était censé donner l’impression à Chinongwa qu’elle avait plus de chance que Muraswa, sa sœur aînée. Loin de produire cet effet, ces paroles lui faisaient au contraire enfoncer le lobe du ses oreilles dans leur trou — une astuce .Dour se couper des sons désagréables comme le tonnerre, les hurlements et les ronflements. Sauf qu’elle ne pouvait y avoir recours que lorsqu’elle était seule, ou bien en présence de sa grand-mère maternelle aveugle.
Chinongwa se souvenait que, deux étés après que Muraswa avait été promise, son fiancé était venu, suivi de son clan, réclamer son dû. Elle avait alors constaté que Muraswa avait disparu de la surface de la Terre, s’évanouissant dans la brousse derrière leur enceinte. Pendant un temps, chaque fois, qu’elle entendait parler d’une jeune fille mariée, Chinongwa l’imaginait engloutie par la brousse. Avec une indifférence stoïque, elle attendait son tour.
Avez-vous lu Chinongwa ? Que vous a inspiré cette lecture ?
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