Le club qui lit les autrices africaines

Incipit : La maison au bout des voyages de Yvonne Adhiambo Owuor

Quel bonheur de poursuivre notre voyage fascinant à la découverte des incipit de la sélection 2020-2021 du Jifa Bookclub ! Si vous ne savez pas de quoi je parle, eh bien, soit vous êtes nouveau ou nouvelle et je vous souhaite la bienvenue, soit il est grand temps de raviver la flamme de votre fidélité. Sourires !

Depuis avril 2020, je m’amuse à vous faire découvrir la sélection de nos talentueuses autrices en vous présentant les premières lignes de leurs ouvrages. Quelle belle façon de vous immerger dans l’univers littéraire, chers lecteurs et lectrices adoré.e.s ! Et pour ceux qui ne connaissent pas le terme, laissez-moi vous expliquer : un incipit désigne tout simplement les premiers mots ou paragraphes d’une œuvre littéraire, ceux qui ouvrent la porte vers un monde nouveau et excitant.

Alors, si vous êtes prêts à embarquer dans cette aventure littéraire en ma compagnie, allons-y gaiement !

Ouvrage du jour : La maison au bout des voyages

Genre : Roman
Année de publication 
: 2017
Nombre de pages 
: 448
Éditeur : 
[Actes Sud] Littérature
Collection
 : Hors collection
Traduction 
: Françoise Pertat

Premières lignes

D’un bond, il franchit deux fleurs peintes couleur de feu gisant à même l’austère trottoir fissuré de la ville. Emergeant de leur torpeur, elles se déploient et se transforment en papillons orange et noir d’arrière-saison de Noel qui volettent jusqu’au bord de la route pour se réfugier dans l’ombre violette d’un jacaranda encrouté de smog. Le bruissement devient bourdonnement devient martèlement de pas… et il se retrouve bien vite pris au piège d’un maquis de huées et de cailloux gris, noirs et marron lancés contre lui tandis qu’il fuit vers une nuit encore distante. On rapporte que, pendant les combats, des soldats visent au-dessus de la tête de leurs ennemis pour ne pas les tuer. Certains ne prennent même pas la peine de faire feu. Les doigts de Moses Ebewesit Odidi Oganda tremblent sur la détente d’une kalachnikov polie par le temps. Il la jette au loin en criant “merde”. L’arme tombe en travers de la route avec un bruit sourd et rauque.

Derrière Odidi, un gémissement :

– Odi, vieux ! couvre-toi !

D’autres voix reprennent en écho :
Halo! Ils sont là.
Waue! Tuez-les.
Wezi! Voleurs.
Odidi court.

Trois semaines auparavant, le fusil se trouvait entre les mains d’un seigneur de la guerre somalien de seconde zone, réduit, à Eastleigh, à écouler des fins de série de lingerie féminine turque de marque.

Avez-vous lu La maison au bout des voyages ou Dust dans la version originale ? 

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