Le club qui lit les autrices africaines

Incipit : Polygamiques -Nathasha Pemba

Cher.e.s lecteurs et lectrices adoré.e.s, n’est-il pas excitant d’explorer les incipit de la sélection 2020-2021 du Jifa Bookclub ? C’est l’effet que cela nous fait depuis que depuis le mois d’avril sur le blog.

Juste au cas où : un incipit est le terme qui désigne les premiers mots (ou paragraphes) d’une œuvre littéraire.

Ouvrage du jour : Polygamiques

Genre : Nouvelles
Année de publication : 2015
Nombre de pages : 195
Éditeur : La Doxa

Ma future belle mère

Lorsque j’ai mis les pieds pour la première fois chez mes futurs beaux parents, j’ai quasiment haï ma mère. La gentillesse de ma future belle-mère m’a fait prendre conscience d’un certain nombre de choses. Elle m’a surtout dévoilé les défauts de ma mère.

Ma mère est une femme particulière. Elle mesure 1, 90 m pour 95 kilos. Elle est de teint clair. Ce trait particulier lui vient de son père, petit fils de portugais.

Elle est sage-femme de formation. Cependant on peut facilement la prendre pour une prof de français. Elle manie la langue de Molière avec aisance et accouche les mots comme elle accouche les âmes à la maternité.

Maman utilise beaucoup le passé simple.

L’une de ses phrases préférées est d’ailleurs « quand nous fûmes » ou encore, « à notre époque ». Et là ! Plus personne ne peut l’arrêter. Plus rien ne peut la dissuader. Un roulement de « r » ; caractéristique des gens de notre ethnie, même lorsque ceux-ci sont détenteurs des plus gros diplômes de l’univers académique. Ethnie du sud, les noupousses rouleurs de « r » ; caractéristique des gens de notre ethnie, même lorsque ceux-ci sont détenteurs des plus gros diplômes de l’univers académiques. Ethnie du sud, les noupousses rouleurs de « r ». Cela est le signe du poinçon de la langue de nos ancêtres en nous.

Et la boisson est l’assistante préférée de ma mère. Elle est la seule qui lui libère sûrement la langue.

Pourtant si ma mère est une sage-femme, elle est loin d’être une femme sage. Quand elle parle c’est comme si pour elle le présent n’existe pas. Quant à l’avenir, il est quasi inenvisageable. Le passé lui semble plus intéressant.

Avez-vous lu les nouvelles du recueil Polygamiques ? Que diriez-vous d’en parler prochainement avec un groupe réuni pour une (re)lecture commune ?

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