Depuis début avril, sur le blog du Jifa Bookclub, nous explorons les incipit des 57 ouvrages de la sélection 2020-2021.
A titre d’information pour qui en a besoin : un incipit est le terme qui désigne les premiers mots (ou paragraphes) d’une œuvre littéraire.
Ouvrage du jour : Vert cru
Genre : Roman
Année de publication : 2018
Nombre de pages : 302
Éditeur : Komedit
I
Nous naissons, pour ainsi dire, provisoirement quelque part. C’est peu, à peu que nous composons en nous le lieu de notre origine, pour y naître après coup, et chaque jour plus définitivement. » Rainer Maria Rilke Lettres à un jeune poète
Le crash
Le cockpit fut le premier à toucher la surface de l’eau. Immense, majestueux, l’appareil s’inclina sur une trentaine de degrés, et ceux qui se trouvaient à l’intérieur, comme ceux qui observaient, médusés, depuis les côtes de l’île, crurent d’abord à l’improbable : que le pilote réussirait un atterrissage express à la surface de l’eau. Ils avaient des raisons d’y croire : la veille au soir, un homme était allé voir le mufti, savant des savants, pour lui parler d’un rêve qu’il avait eu la nuit d’avant, dans lequel le prédécesseur du mufti Said Mohamed Abderemane, lui disait ceci : “Demande à trente hommes d’aller lire la Rose de Subtilité à la mosquée de ta ville, ou une catastrophe s’abattra sur l’île.” Le mufti avait pris le rêveur au mot et avait envoyé chercher trente hommes parmi les plus vertueux de la ville pour qu’ils psalmodient la wird al latif dans la mosquée de Hahaya. Toute la ville s’était endormie avec l’idée qu’une catastrophe venait d’être évitée.
Seuls les deux hommes du cockpit savaient ce qui allait se Produire. Aziz Kudra, la cinquantaine passée, une silhouette bien bâtie de jeune homme dans la fleur de l’âge…
Avez-vous lu le roman de Touhfat Mouhtare? Envisageriez-vous une (re)lecture commune ?
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