Parce que le 31 juillet est la date célébrant la Journée Internationale de la Femme Africaine, j’ai eu envie de faire un clin d’œil à cette date en explorant les pages 31 des ouvrages de la sélection.
Après vous avoir présenté son incipit, voyons ce qu’il en est de la page 31 du roman par Esi Edugyan.
3 minutes et 33 secondes – Page 31
Chip a appelé pour me prévenir qu’il allait passer et je lui ai dit : “Bien sûr, mon frère, quand tu veux.”
J’avais toutes les lumières allumées dans mon appart à Fells Point, et dans mon salon étriqué l’épaisse moquette à poils longs était noyée dans une pile de vêtements, de dossiers, tout un tas de camelote, les déchets d’une vie – j’avais tout sorti en essayant de décider de ce que j’allais emporter -, quand je l’ai entendu frapper un coup sec à la porte. On devait prendre l’avion le lendemain, voyez-vous. J’ai longé le couloir, ses piles de journaux jaunissants, ses photos de traviole encadrées de noir. Quarante-quatre ans, que j’avais vécu ici. Le père de Lola nous l’avait acheté après la guerre, cet appart, et quand elle est morte, cinq ans après notre mariage, il m’est revenu.
Comme la porte avait tendance à se bloquer à présent, je devais tirer vachement fort sur la vieille poignée en laiton. Et le voilà devant moi, mon plus vieil ami, l’air aussi usé qu’un matelas d’occasion, avec sa peau sèche et criblée de points noirs.
Il est entré avec un sourire jusqu’aux oreilles. “Bon sang, Sid, tu penses faire le ménage, un jour ? Tu vis dans un état de total délabrement.” Il a enjambé mon paillasson dégarni : son visage sombre ressortait sur sa chemise éblouissante de blancheur. Il avait cette voix de stentor, quand il parlait elle emplissait l’air, le repoussait comme fait l’huile dans un verre d’eau. Un véritable exploit, vu sa taille. Sans souliers ni chapeau, Chip mesurait à peine un mètre soixante-deux.
Avez-vous lu le roman de l’écrivaine Esi Edugyan ? Tenté.e.s par une (re)lecture commune ?
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