Le 31 juillet est la date célébrant la Journée Internationale de la Femme Africaine. C’est pour cette raison que j’ai eu envie d’ouvrir toutes les pages 31 des ouvrages de la sélection.
Après vous avoir présenté son incipit, je vous propose de jeter un œil à la page 31 de l’autobiographie d’Aoua Keita sélectionné par le Jifa Bookclub pour la saison 2020-2021
Femme d’Afrique : la vie d’Aoua Keita racontée par elle-même – Page 31
Jusqu’à 11 h 30, nous n’avions eu ni petit déjeuner ni verre d’eau. La petite Racky, d’humeur gaie à l’ordinaire commença à bouder. Puis elle pleura sans pourtant avouer qu’elle avait faim. Alors j’envoyai un manœuvre du dispensaire chercher quatre œufs que je fis bouillir dans une poissonnière sur un feu de bois. Ce fut tout notre repas du jour.
Vers 16h, un garde vint annoncer triomphalement que l’interprète avait trouvé un logement pour la sage-femme. Une prisonniers transporta les bagages dans une maison qui n’était ni une boutique ni une habitation.
Ce logement sis en plein cœur du quartier dioula, se composait de deux cases en banco et d’une grande cour sans autre dépendance. L’une des deux cases qui faisait 6 m x 4 était coupée en deux par un comptoir. Elle avait deux portes donnant sur une rue qui porte en ce moment le nom d’ «Avenue Askia ». L’autre de 5 m x 5 devait certainement servir de magasin de stockage pour les marchandises. Une porte de communication reliait les deux cases. La première me servit de chambre à coucher, la seconde de salle de séjour. L’aménagement ne fut pas facile. Comme mobilier, j’avais en tout et pour tout un lit à une place avec matelas, une table, deux chaises, une chaise longue, tous métalliques et pliants. Cela constituait la donation de mon cher père. Il m’avait également offert de la vaisselle en belle porcelaine achetée à un Français en fin de séjour, deux casseroles et un poêle. Certaines pièces manquaient à la vaisselle. Ainsi armée, j’attaquais pour la première fois la vie sans famille et en dehors de l’internat. Inutile de dire que cela n’était pas du tout aisé.
Les jours suivants furent consacrés aux visites de courtoisie aux personnalités, aux prises de contact avec le service et avec la population. Comme dans toute entreprise susceptible de modifier tant soit peu les habitudes des habitants d’une région ou d’une ville, le début ne fut point facile. Il n’y avait ni maternité, ni matériel d’obstétrique. Le médecin-chef, malgré toute sa bonne volonté, n’avait pu mettre à ma disposition que deux pinces, une paire de ciseaux, un flacon de teinture, un peu d’alcool à brûler, du coton, des compresses, des bandes.
J’étais sérieusement handicapée par la langue. Je ne parlais que bambara, français et un peu de ouolof appris à Dakar lors de mes études. De surcroît il fallait dépister les femmes enceintes qui rechignant à toute méthode occidentale, se cachaient ; les consultations prénatales, les accouchements et tous les soin se faisaient à domicile dans des conditions peu commodes, peu hygiéniques.
Avez-vous lu l’autobiographie Femme d’Afrique ? Envie d’en faire une prochaine (re)lecture commune et d’en discuter avec un groupe d’autres lecteurs et lectrices ?
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