Le club qui lit les autrices africaines

Page 31 : Fureurs et cris de femmes d’Angèle Rawiri

Après vous avoir présenté son incipit, voyons ce qu’il en est de la page 31 du roman d’Angèle Rawiri.

Pourquoi la page 31 ?

D’abord parce que le 31 juillet est la date célébrant la Journée Internationale de la Femme Africaine, ensuite parce que la malienne Aoua Keita en fut l’instigatrice et qu’elle est la muse du Jifa Bookclub.

Ainsi curioser dans les pages 31 des ouvrages de la sélection est un voyage vers l’inconnu pour vous et moi.

Fureurs et cris de femmes – Page 31

Portant de nouveau la main à sa tête, le front plissé, Joseph entrouvre la bouche, puis se ravise devant la mine décomposée de son épouse. ” Pourvu qu’il ne lui soit rien arrivé ! Elle reste notre seul lien “, pense t-il.

— Allons-y, poursuit-il à voix haute.
Roxanne tourne en rond en émettant des aboiements plaintifs.
— Viens, Roxanne, lance Nomé qui l’attire à lui.
Enfin heureuse que quelqu’un dans cette maison daigne s’intéresser à elle, Roxanne tend malicieusement la patte que le petit garçon caresse avec tendresse.

Dans cette famille, la chienne tient une place importante. Elle est le témoin silencieux des chagrins et des querelles, la confidente vers qui viennent s’épancher en silence les cœurs en peine et la bénéficiaire de toutes les caresses que ces hommes, ses maîtres, ne savent plus se donner. Il arrive aussi, comme aujourd’hui, qu’on l’ignore, mais cette indifférence ne dure jamais longtemps.

Emilienne prend place à côté de Joseph dans la voiture qui démarre aussitôt. Ils parcourent en silence le chemin du lycée, chacun plongé dans ses réflexions qui, en fait, les ramènent tous deux à leur enfant. Comme pour implorer le ciel de lui rendre sa fille indemne, Emilienne lève les yeux vers l’azur sombre juste à l’instant où un éclair zèbre le ciel, suivi d’un grondement de tonnerre. Au même moment de grosses gouttes de pluie tambourinent sur le toit de la voiture qui roule dans les rues désertes.

Ils croisent quelques véhicules de hauts fonctionnaires de l’Etat et de chefs d’entreprise qui regagnent leur domicile. Enfin, ils garent leur voiture devant l’imposant portail du lycée.

— Attends-moi dans la voiture. Il y aura bien quelqu’un pour me renseigner.

Il ouvre le portail et court vers les premiers bâtiments pour s’abriter de la pluie torrentielle. Déjà, ses vêtements ruisselant d’eau lui collent à la peau. De son regard inquiet, Emilienne le suit jusqu’à ce qu’il disparaisse dans l’enceinte du lycée.

Restée seule avec sa panique grandissante, le visage tendu, elle fixe le portail avec une intensité telle que deux petites larmes naissent de ses pupilles dilatées. Elle veut de toute ses forces se convaincre que Joseph ramènera leur enfant, au pire lui annoncera qu’elle est collée ou tout simplement retenue pour la préparation du défilé de la fête nationale du mois prochain.

Ses notes au deuxième trimestre n’étaient pas bonnes. Une baisse de rendement que sa mère ne s’explique pas, dans la….

Avez-vous lu le roman d’Angèle Rawiri ? Tenté.e.s par une (re)lecture commune ?

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