Il existe plusieurs façons de plonger dans un ouvrage. Depuis le mois d’avril, le Jifa Bookclub le fait par l’entremise de toutes les pages 31 de sa sélection.
Pourquoi la page 31 ?
Primo : Parce que le 31 juillet est la date célébrant la Journée Internationale de la Femme Africaine. Deusio : Parce qu’Aoua Keita en fut l’instigatrice et qu’elle est la muse du Jifa Bookclub. Troisio : Parce qu’en fouinant derrière les pages 31 des ouvrages de la sélection, je nous offre un ticket vers l’inconnu.
Après l’incipit, allons voir ce qui se cache derrière la page 31 du récit de l’autrice congolaise Marie-Louise Mumbu.
Samantha à Kinshasa – Page 31
Mais çà ne compte pas. Puisque pour eux, je suis née dans le mauvais coin dans la république, au mauvais moment, je porte le mauvais nom et mes origines sont mauvaises. Je suis du Nord. Comme ce roi du Zaïre, à la base des ruines et des rouilles actuelles…
J’aurais dû refuser de m’appeler Kuadeba. J’aurais dû refuser de naitre en pleine “zairianisation”, surtout à Moleghe dans l’équateur. J’aurais dû refuser que mon père soit le fonctionnaire de l’État payé et qui porte l’abacost. J’aurais dû refuser que ma mère soit une citoyenne zaïroise qui porte le pagne et qui, comme toutes ses filles, n’a pas de prénom chrétien. En fait, je pense fermement que j’aurais dû m’appeler Lumumba et naitre dans une ville de l’Est : Kisangani, Bunia, Bukavu ou Kolwezi. J’aurais été une Samantha Lumumba née Kolwezi. Ç’aurait été une naissance historique et patriotique. Je veux dire du bon côté de l’histoire ! J’aurais dû me faire enrôler, il y’a quinze mois, ça m’aurait permis de voter, ou plutôt de ne pas “le” voter… C’est pour tout ça que je pars ! Etre dans cet avion en partance pour Paris, pouvoir prendre ma correspondance pour Londres est une page que je tourne bel et bien. Kinshasa va me manquer jusqu’à la Fin de ma vie. Ses délires, ses gens, ses coupures d’électricité, ses logiques, ses bruits, ses odeurs, ma famille. Bref, toutes ces choses qui me font partir aujourd’hui. Bizarre n’est-ce pas ? Durant ces six heures et demie de vol, sans efforts, je vais me retrouver à faire le tour des événements vécus, des choses connues et inconnues. Elle me collera à la peau, Kinshasa. Je me souviendrai longtemps des combines des filles de Kin pour passer des soirées agréables, de tout ce que mon équipe me racontait, des choses qui se passaient la nuit comme le jour, de mes oncles, des soirées en boîte de nuit Chez Ntemba… Des pillages aussi, des coups de feu dans la ville, des marches de protestation, des cortèges de deuil ou de fête pour accueillir des artistes de renom qui reviennent au pays… Des histoires de “mon frère” Mbila…
Excusez-moi ! dis-je à mon voisin en lui demandant le passage.
Avez-vous lu Samantha à Kinshasa ? cela vous plairait-il de nous rejoindre pour une (re) lecture commune ?
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