Aujourd’hui, c’est à moi, Mawuli, que revient l’honneur de commencer notre voyage littéraire au pays de la Teranga, le Sénégal. J’ai vraiment découvert ce pays grâce aux femmes écrivains que nous avons lues dans notre club. Pour rendre hommage à ces plumes féminines, j’ai relevé le défi lancé par la queen Grace à l’occasion de la deuxième édition du Salon du livre féminin de Dakar qui se tiendra du 12 au 14 mai 2023. La fondatrice du Jifa Bookclub, le club qui lit les autrices africaines, nous a invité à choisir parmi les dix autrices sénégalaises de notre sélection, les livres les plus marquants pour nous.
Voici donc mes trois choix, que je vous présente en suivant le protocole de la queen Grace : de quoi parle le livre, pourquoi je l’ai choisi et à qui je le recommande.
La parole aux négresses : Awa Thiam
Ce livre est un essai fondateur du féminisme africain francophone, publié en 1978. Il expose la spécificité du féminisme des femmes noires dans le mouvement féministe d’un point de vue francophone. Il est composé d’entretiens donnant la parole aux femmes noires concernées.
J’ai lu ce livre en anglais sous le titre Speak Out, Black Sisters: Feminism and Oppression in Black Africa dans la traduction de D.Blair. Cet essai m’a profondément marquée par son analyse lucide et sans concession des oppressions subies par les femmes africaines, qu’elles soient liées à leur sexe, à leur classe ou à leur race. Il m’a aussi interpellée par son plaidoyer pour une solidarité entre les femmes noires et les femmes blanches, dans une perspective intersectionnelle. J’aimerais avoir une conversation avec l’autrice et voir ce qu’elle pense aujourd’hui. Je recommande cet essai à toutes celles et ceux qui s’intéressent à l’histoire du féminisme, à la condition des femmes en Afrique basée sur des témoignages de femmes recueillies par des femmes et à la lutte contre les discriminations.
Une si longue lettre : Mariama Bâ
Ce roman est une oeuvre majeure de la littérature sénégalaise et africaine, publiée en 1979 qui raconte la lettre que Ramatoulaye, la première épouse de Modou, écrit à son amie Aïssatou après la mort de son mari. Elle lui confie son chagrin, ses souvenirs, et ses réflexions sur la société sénégalaise.
J’ai lu ce livre épistolaire en anglais sous le titre So Long a Letter. Il m’a touchée par sa sensibilité, son élégance et sa sincérité. Il m’a fait découvrir le quotidien, les aspirations et les dilemmes des femmes sénégalaises face à la tradition et à la modernité. Il m’a fait réfléchir sur le sens du mariage, de l’amour et de l’amitié, surtout pour notre génération d’afropéens, ceux qui veulent garder le meilleur des deux mondes. Je recommande ce roman à toutes celles et ceux qui aiment les histoires intimes, les portraits de femmes nuancés.
Celles qui attendent : Fatou Diome
Contrairement aux deux autres qui sont publiés avant même que ma naissance ne soit une idée dans la tête de mes parents, ce roman est une oeuvre contemporaine de la littérature sénégalaise et francophone, publiée en 2010. Il raconte le destin croisé de quatre femmes liées par l’émigration clandestine : Arame et Bougna, qui attendent le retour hypothétique de leurs maris partis en Europe ; Daba, qui tente d’aider ces femmes délaissées ; Coumba, qui rêve de rejoindre son amant en France.
J’ai lu ce roman en français avec l’aide de mes sisters Gaby, Kimi et la queen Amazing Grace comme traductrices et interprètes. Ce livre m’a captivée par sa narration dynamique, son humour grinçant et sa critique sociale. J’ai appris beaucoup d’expressions françaises familières, j’ai aimé voyager entre le Sénégal et la France, entre l’espoir et la désillusion, entre la solidarité et l’individualisme. Je recommande ce roman à toutes celles et ceux qui aiment les récits engagés, les personnages attachants et les problématiques actuelles sur les migrations et notre perception.
J’espère que cet article vous a plu et que vous avez envie de lire ou relire ces livres. N’hésitez pas à me laisser vos commentaires, vos impressions, vos suggestions.
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